« Ce que l’on peut faire en France, on le fait »

Le 19/06/2018 à 10:11 par La Rédaction

 

Olivier Bigot,
directeur d’Ame Haslé
et de Distri malo

 

 

Ce que l’on peut faire en France, on le fait ” 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Olivier Bigot est le directeur d’Ame Haslé et de Distri Malo. Les deux entreprises de mareyage, basées en Bretagne nord, s’approvisionnent principalement en France sous onze criées pour servir leur clientèle : GMS, traiteurs, restauration commerciale et collective. Mais elles se fournissent aussi à l’étranger pour une partie des volumes.

Volumes de produits de la mer achetés : 4 000 t/an. Clients : 1 800.

ZOOM sur l’import

Les importations françaises
de produits de la mer en 2017
1,6 Mt

Le déficit commercial de la France en 2017. Il s’accroît encore de 280 M€ par rapport à 2016.

4,7 Md €

 

Les grandes espèces importées.
Le saumon, le thon et les crevettes sont les espèces les plus importées en tonnages. La Norvège,
le Royaume-Uni et l’Espagne
sont les trois premiers fournisseurs en valeur du marché français.

Le Royaume-Uni et l’Irlande.
Ils sont respectivement en deuxième et dixième positions
des pays fournisseurs de la France
en valeur. Les importations
en provenance du Royaume-Uni sont dominées par le saumon, divers poissons filetés et
la saint-jacques. La France
se fournit en Irlande en saumon, huîtres et crabe, principalement.

 

 

 

PdM : Que représente l’import dans votre activité. Et quelles sont les espèces concernées ?
Olivier Bigot : 20 % de nos volumes annuels sont importés. Il s’agit principalement de crustacés, notamment pour faire face à des pénuries d’approvisionnement local ou à des produits introuvables ici.
Depuis vingt ans, je cherche en vain de la langoustine vivante pêchée au casier en Bretagne et dans tout l’ouest de la France. Alors, nous avons noué des partenariats avec des bateaux en Irlande et en Écosse. Nous leur envoyons des camions-viviers pour récupérer leurs captures. La saison de la langoustine terminée, nous continuons avec le bouquet vivant. Dans ces camions-viviers, nous mettons aussi du homard, de la langouste royale et un petit peu d’étrilles. À certains moments de l’année, nous achetons également du tourteau en Cornouailles. Ces crustacés se destinent au marché français mais parfois aussi à l’export : Europe, mais surtout Asie et Moyen-Orient.

Pas de poisson, à l’international ?
O.B. : Parfois, lorsque le poisson y est plus beau qu’ici. Nous ne travaillons qu’avec les îles Shetland, pour du merlan, de la lingue, de la lotte… Les techniques de pêche y sont très proches des nôtres et le poisson moins pollué par les parasites. L’anisakis, présent sur nos côtes, est très problématique. Il engendre des pertes de produits importantes et on le trouve dans de plus en plus d’espèces. Notez que la transformation est réalisée dans nos ateliers en France.
Nous achetons à la criée du vendredi pour un arrivage le dimanche soir, afin de lancer la semaine. L’arrivage suivant arrive le mercredi. Les achats sont réalisés par un courtier, qui travaille pour nous et d’autres. Nous pourrions acheter en direct, mais nous préférons avoir quelqu’un sur place, qui a l’œil sur la marchandise débarquée. C’est important car le travail des criées là-bas n’est pas toujours aussi bien fait que dans les criées françaises, notamment à Roscoff, notre référence.

Si les espèces sont disponibles en France et à l’étranger, comment arbitrez-vous ?
O.B. : Le prix peut parfois faire la différence. Mais c’est rare. Le delta est souvent faible au sein de l’Europe. La qualité fait la différence. Nos responsables d’ateliers nous alertent en cas de problème et nous incitent à basculer. Mais ce que l’on peut faire en France, on le fait. Priorité est donnée à nos ports locaux.

La logistique est-elle contraignante ?
O.B. : Il est souvent plus simple de faire venir de la marchandise du Royaume-Uni et de l’Irlande que d’envoyer des produits à Monaco ou dans le sud-est, où envoyer en A pour B est quasi impossible. Pour nos importations, en calant bien les ferrys, le produit peut arriver en 24 ou 30 heures à Rennes et Saint-Malo, à un coût raisonnable.

Les produits d’import sont-ils identifiés ?
O.B. : Évidemment, tout est transparent : type de pêche, provenance… Nous précisions par exemple « produit des Shetland transformé à la main dans nos ateliers de Saint-Malo ». Certains clients, restaurateurs ou poissonniers, préfèrent même à certaines périodes disposer de filets de merlan des Shetland. Le produit est plus charnu, les filets plus beaux car moins parasités. Pour le grand export, la mention origine France ou origine îles britanniques ne fait pas de différence. L’important est qu’à l’arrivée, le produit soit bien vivant.

Le Brexit vous inquiète ?
O.B. : Nous sommes très attentifs aux évolutions des négociations. Notre marché peut être bousculé. Aujourd’hui, il est facile de commercer au sein de l’Europe. Si le Brexit a lieu et que les droits de douane arrivent au niveau où on l’imagine, cela va devenir plus problématique.

Propos recueillis par Loïc FABRÈGUES

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