Philippe Vignaud, frère de la côte

Le 21/06/2016 à 14:49 par La Rédaction

 

Coiffés par un maigre de ligne de Royan, des rougets de senneurs sablais côtoient de la dorade turballaise. « La pêche française doit être artisanale avant tout » déclarait Philippe Vignaud aux Assises de la pêche et des produits de la mer en 2011. Artisanal et surtout côtier, tel est le credo défendu depuis près de 30 ans par le Pdg en blouse blanche.

Il suffit de traverser la Loire pour passer de Nantes à Rezé, où est implanté depuis 1998 le siège de son groupe Vives Eaux, qui abrite aussi l’entité nantaise de la SAS. Depuis l’acquisition fin 2015 d’une dixième société, Beuron, le groupe revendique une présence sur plus de 30 criées françaises, de Dunkerque au Grau du Roi. Une participation minoritaire dans l’Argentario, fileyeur ogien, et dans l’armement sablais du golfe de Gascogne constitue le 11e maillon.

« J’ai eu la chance d’avoir des yeux neufs, et une très forte motivation » se remémore le dirigeant, qui n’est pas du sérail. Il mène une double vie, pendant 6 mois en 1988 : cadre dans une banque le jour, depuis 10 ans, le trentenaire apprend le métier, trois nuits par semaine, chez Barron, au M.I.N. de Nantes. Ce modeste grossiste en marée, en vente, est l’un de ses clients. Philippe, qui voulait monter sa propre affaire, saisit l’occasion début 1989 : adieu la banque ! C’est sous le nom de Vives Eaux qu’il démarre sa société, avec 4 salariés. En 2016, ils sont 350 et le turn over est insignifiant.

En 1991, il crée Vives Eaux Yeu. S’implanter sur l’île est une gageure, et s’il réussit là, tout est possible ailleurs, se dit-il. À cette date, Pierre Cadoret rejoint Philippe à Rezé, où il est toujours directeur des achats et Marie Duret, secrétaire de direction arrive : « On a grandi ensemble ».

Depuis, la croissance externe va être patiemment menée, sur fonds propres, en toute indépendance financière. Vives Eaux est entré dans le cercle des mareyeurs, et se tourne très rapidement vers la GMS. La maison Raffin est acquise en 1993, toujours dans ce créneau exigeant de la marée fine. « Les Produits Côtiers », achetés en 2001, instaure l’implantation indispensable à Boulogne, confortée par deux sociétés d’écorage.

« Le critère humain est décisif dans nos choix, j’ai la prétention de bien connaître mes salariés, et leur motivation assure notre réussite » explique le jeune sexagénaire, désormais entouré de ses deux fils, Sébastien et Johan, directeurs adjoints, co-actionnaires de la SAS 100 % familiale. Tandis que Luc, le grand frère de Philippe, gère la partie bâtiment du groupe. Alors que la concentration du secteur se poursuit, les Vignaud préfèrent étoffer leurs ateliers complémentaires et les savoir faire, pour assurer la pérennité du groupe.

Texte et photos : Lionel FLAGEUL

 

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