« Aux États-Unis, il y a un réel marché pour les huîtres européennes »

Le 19/02/2019 à 9:00 par La Rédaction

 

Thomas Kehoe,
Fondateur de Kingsbridge Strategies

Aux États-Unis,
il y a un réel marché
pour les huîtres européennes ”

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Thomas Kehoe est importateur international de mollusques. L’Américain attend avec impatience la levée de l’interdiction de négoce de mollusques vivants entre les États-Unis et l’Union européenne. Fort d’une expérience de 40 ans dans l’import d’huîtres, palourdes et autres bivalves, il vient de créer la société Kingsbridge Strategies  qui sera dédiée aux échanges avec l’Europe.

 

ZOOM sur les huîtres

Production américaine
en 2016

16 782t
(source : NOAA)

Production européenne
en 2014
93 103  t

(Source : Eumofa)

Pas d’échanges depuis
plus de huit ans
En juillet 2010, l’Union européenne et les États-Unis ont décidé d’interdire les échanges de mollusques vivants entre leurs deux territoires pour des raisons sanitaires. Une situation qui aura duré dans le temps, puisqu’un accord n’aura été trouvé que l’année dernière, avec une reprise partielle et contrôlée des échanges.
Les producteurs et importateurs espèrent que cet accord est de bon augure pour la réouverture complète des échanges.


Production
Les huîtres représentent la troisième espèce issue de l’aquaculture la plus importante en valeur pour l’Union européenne, soit plus de 400 millions d’euros.
Plus de 80 % de cette production est réalisée en France.

 

 

 

PDM : La réglementation sur le négoce d’huîtres entre l’Union européenne et les États-Unis est en train d’évoluer. Qu’est-ce que cela va changer pour vous ?
Thomas Kehoe : Nous allons enfin pouvoir importer des huîtres d’Europe ! L’accord prévoit que deux États américains, Washington pour la côte ouest et le Massachusetts sur la côte est, seront autorisés à exporter des huîtres dans l’Union européenne. En retour, les Pays-Bas et l’Espagne pourront également exporter leurs huîtres dans notre pays. C’est une avancée considérable ! Nous attendons l’officialisation de l’accord avec impatience. Cela devrait arriver très prochainement mais avec le shutdown, toutes les administrations sont à l’arrêt.

Y a-t-il une forte demande d’huîtres en provenance d’Europe aux États-Unis ?
T. K. : Les Américains sont bien conscients de la qualité des huîtres néerlandaises, françaises et espagnoles, entre autres. Ce sont des produits auxquels ils n’ont pour l’instant pas accès. Nous allons arriver sur le marché avec des produits nouveaux, de qualité, qui jouissent d’une bonne réputation. La demande sera là et nous aiderons le marché à se développer. Nous travaillons directement avec les distributeurs et les chefs. Donc nous allons envoyer des échantillons et les accompagner pour qu’ils puissent valoriser au mieux ces huîtres. J’en ai vendu dans de nombreux endroits. C’est quelque chose que nous savons faire et nos clients à Las Vegas ou à Los Angeles sont demandeurs de produits haut de gamme tels que les huîtres européennes.

Côté logistique, comment cela va-t-il se passer ?
T. K. : Nous allons travailler avec l’entreprise néerlandaise Ocean Perfect, basée à Yerseke, dont l’actionnaire principal est la société Viviers le Petit Pêcheur. Kingsbridge Strategies représentera Ocean Perfect aux États-Unis et assurera la distribution des produits. Des détails restent à organiser mais nous prévoyons des envois par avion, uniquement en vol direct au vu de la fragilité de la marchandise. Ocean Perfect se chargera du conditionnement et de l’envoi. Dès réception dans nos locaux à Northport, dans l’État de New York, nous préparerons et acheminerons les commandes jusqu’à nos clients. Si les huîtres sont bien conditionnées, leur durée de vie peut aller jusqu’à deux semaines en hiver. Nous voulons servir nos clients en moins de 24 heures après leur départ d’Europe. L’expédition par avion a un coût important, qui devrait s’élever à 2 dollars/kg (1,74 euro/kg) environ. Je ne peux pas vous dire à l’avance le prix de revente. Ces huîtres coûteront plus cher que les américaines, c’est certain, mais le consommateur sera prêt à mettre le prix pour ce produit unique et haut de gamme. Nous allons commencer par des petits volumes, prendre le temps de bien expliquer le produit. La communication est très importante, il faut familiariser les distributeurs et les chefs avec le produit avant d’augmenter les volumes.

Pensez-vous que l’accord pourrait s’étendre à toute l’Union européenne ?
T. K. : Une fois que nous aurons effectué les premiers échanges, que la machine sera rodée avec les Pays-Bas et l’Espagne, cela ouvrira la porte aux autres pays. De même à l’export, lorsque les essais seront concluants dans les États de Washington et du Massachusetts, je pense que l’accord s’ouvrira à tous les États. Les échanges entre l’UE et les États-Unis sont en général plus faciles car nous avons des réglementations et des contrôles sanitaires similaires. Les produits sont étiquetés et il y a des traces de l’origine, de la date de récolte, etc., ce qui n’est pas forcément le cas dans d’autres pays comme la Russie ou l’Asie.

Propos recueillis par Guillaume JORIS

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