GUIREC ANDRÉ, DIRECTEUR DE LA CRIÉE DE ROSCOFF

Le 30/12/2014 à 12:02 par La Rédaction

 

 

 

Recruté par la CCI de Morlaix pour diriger la criée de Roscoff, voilà 25 ans, Guirec André a su la faire progresser, en tonnages comme en valeur. Un développement dû aux ventes sur Internet, mais pas seulement. La prévision des apports comme la qualité du service rendu par les équipes, clés de la vente à distance,
ont largement contribué à faire de Roscoff la 15e criée de France.

 

 

 

 

Roscoff fait partie des rares criées françaises à avoir vu ses tonnages progresser fortement sur les 10 dernières années. Comment l’expliquez-vous ?

La progression a été continue depuis 1992. C’était l’ambition et la volonté de la CCI de Morlaix qui m’a recruté. À l’époque, le gré à gré dominait l’activité du port et quatre personnes s’occupaient des 700 tonnes de marchandises passant sous la criée. Aujourd’hui, 34 personnes assurent la réception, le tri et la commercialisation de 5 500 tonnes de produits de la mer. Pourtant le gré à gré existe toujours, notamment pour les crustacés, et Roscoff est une base avancée. Environ 12 000 tonnes de captures sont débarquées sur place chaque année pour être vendues sous d’autres criées.
La progression ne s’est pas faite en un jour, ni d’un claquement de doigts. Il a fallu gagner la confiance des mareyeurs comme des pêcheurs. Le soutien de la CCI, organisme gestionnaire, a été crucial. L’emplacement géographique de Roscoff aussi.
Partir de rien a sûrement été un atout pour construire un nouveau modèle. Mon postulat de départ a été de dire que pour valoriser au mieux une espèce, il ne fallait pas qu’elle ait plus d’une semaine de mer. Raccourcir les marées permettait alors de donner un peu plus de temps aux mareyeurs pour vendre un poisson sans dégrader sa qualité. Un raisonnement filière. J’espérais qu’ainsi les mareyeurs soient alors prêts à mettre un peu plus cher.

Tout le monde a joué le jeu ?

On m’a laissé l’imposer aux huit chalutiers hauturiers qui vendent aujourd’hui leurs captures sous la criée de Roscoff. Les autres bateaux sont des côtiers et des fileyeurs qui effectuent des marées courtes. Mais attention. Pour moi, la qualité ce n’est pas seulement la beauté du poisson. Faire de la qualité ce n’est pas proposer seulement du A ou du E. Non. Proposer de la qualité consiste à garantir la conformité du produit par rapport aux attentes des mareyeurs. Il existe des marchés pour toutes les qualités, mais il est important que l’acheteur ne soit pas déçu. Dans l’équipe, 14 personnes se chargent du tri, s’étalonnent entre eux. Pour chaque lot, nous savons en temps réel qui a trié quoi. Si nous avons des réclamations, nous engageons des actions correctives. Mais cela ne touche que 0,23 % de nos tonnages. Chaque poisson passe à la balance, le tri se fait à l’œil, au nez…
Dans le catalogue, des commentaires peuvent être ajoutés concernant les lots. Il faut éviter les mauvaises surprises de l’acheteur. Avec le temps, cela sert les pêcheurs. Il en va de même pour la prévision des apports.

Qu’en est-il sur Roscoff ?

Pour trier le plus rapidement possible les captures et nous organiser, il est important que nous sachions quel bateau arrive quand et avec quoi. Chaque bateau dispose de son jour et son heure de débarque, toujours la même. Il fournit 48 heures à l’avance ses apports. Des données accessibles aux 74 acheteurs,  dont 60 traitent à distance. Ils peuvent ainsi se couvrir sur les espèces phare de Roscoff que sont la lotte, l’églefin… Le catalogue, avec les lots triés et commentés, est publié à 5 heures du matin pour une vente qui démarre à 6 heures. À ce moment, les mareyeurs savent déjà ce qu’ils peuvent acheter et à quel prix. D’où le choix de ne pratiquer que des enchères descendantes. La prévision des apports touche aussi les fileyeurs et les côtiers. Tout le monde finit par être gagnant. Nous profitons du temps de leurs débarques pour avitailler les bateaux. Les hauturiers en profitent aussi pour organiser les rotations d’équipage.
En 2013, les tonnages baissaient un peu. Qu’en est-il cette année ?
La baisse des quotas d’églefin explique la baisse de 2013. Mais en 2014, après un démarrage difficile lié au mauvais temps, nous revenons à un bon équilibre. Hélas, les cours sont en baisse : l’Espagne et l’Italie reviennent difficilement et le contexte économique en France n’aide pas. Toutefois, je reste serein, les équipes sont motivées. Reste à remplir nos nouveaux viviers et revenir aux tonnages de 2012. Faire plus sera difficile vu nos structures, même toutes neuves.

 

     
  Fin 2013 après 3,5 M€ d’investissements, la criée de Roscoff est dotée d’un second silo à glace, d’une halle à viviers de 660 m2 en circuits ouverts. Les vestiaires des équipes ont été refaits pour plus de confort. Un moyen de motiver les équipes, qui ont aussi vue sur leur planning un an à l’avance.  
     
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