« Tout ce qui est pêché au Pérou est exporté  »

Le 18/09/2019 à 10:10 par La Rédaction

 

Carlos Morales-Macedo,
PDG de Perú Vende

Tout ce qui est pêché
au Pérou est exporté ”

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Perú Vende est une entreprise péruvienne spécialisée dans le négoce de produits de la mer surgelés.
Le pays, situé entre l’Équateur et le Chili, fait face à une concurrence accrue dans ce secteur
mais tente de tirer son épingle du jeu.

Chiffre d’affaires : 24 millions d’euros – 1 500 tonnes de produits exportés

 

ZOOM sur le Pérou

1,4 %
Ce que représente l’industrie
de la pêche dans le PIB.

700 000
Le nombre d’emplois directs générés par les produits de la mer au Pérou.

 
Consommation
Le Pérou est le pays d’Amérique latine qui consomme le plus de produits de la mer. Le gouvernement a lancé un programme national pour inciter à la consommation de poisson : « A comer pescado ». Le Pérou fait partie des pays enregistrant une forte obésité infantile, les enjeux sont donc multiples.


Export
Concernant les produits de la mer, le pays réalise plus de 9 milliards d’euros à l’export, en augmentation entre 2017 et 2018 : + 23 % en volume et + 36 % en valeur. L’Espagne, la Chine et la Corée du Sud sont les principaux pays de destination. Les conserves restent les produits les plus exportés, suivis de la seiche, en forte croissance.

 

 

 

PDM : Sur quels marchés votre entreprise est-elle présente ?
Carlos Morales-Macedo : Nous sommes experts dans l’import-export de produits de la mer surgelés depuis plus de quarante ans. C’est une activité très importante au Pérou. Pour l’import, la majorité de nos produits vient d’Asie. La Chine est notre principal fournisseur, surtout pour le tilapia, ainsi que la Corée. À l’export, nous nous concentrons davantage sur des marchés comme le Mexique ou les États-Unis. Ils sont demandeurs de calmar géant, de céphalopodes. Nous exportons beaucoup de mahi-mahi (dorade coryphène) et des fish rolls (rouleau de poisson). L’Asie achète aussi une partie de notre pêche, mais nous sommes encore peu développés sur les autres continents.

Quelles sont les spécificités du marché péruvien ?
C. M.-M. : Le Pérou est un très gros consommateur de poisson. En dix ans, notre consommation par habitant est passée de 10 à 18 kg. Cela est dû à une prise de conscience des consommateurs qui cherchent à manger plus sainement et à réduire leurs apports en viande. Une tendance également liée aux politiques gouvernementales. Une loi a été promulguée il y a peu décrétant que les citoyens qui se procurent de la nourriture avec les aides du gouvernement sont obligés d’acheter du poisson au moins deux fois par semaine.
Un autre point important est que tout ce qui est pêché au Pérou, dans la zone FAO 87, est exporté, alors que les produits à destination de la consommation intérieure sont importés. Les Péruviens ne mangent presque pas de poisson local. C’est plus rentable ainsi.

Comment s’effectue la logistique ?
C. M.-M. : Nous n’avons pas de bateaux en propre, nous achetons les poissons et céphalopodes aux pêcheurs sur la plage et nous les envoyons dans des usines à terre pour être congelés et conditionnés pour l’export. Les délais de traitement sont très rapides Nous travaillons avec une usine au nord du pays qui récupère les calmars géants pêchés dans les eaux équatoriennes et les surgèle directement. La majorité de nos produits est ensuite envoyée par container. Nous pouvons assurer des commandes pour toutes les destinations. Perú Vende importe 2 000 tonnes de produits de la mer et en exporte 1 500 chaque année.

Est-ce que la guerre financière entre les États-Unis et la Chine affecte votre activité ?
C. M.-M. : Oui, bien sûr. Cela nous affecte nous directement, mais aussi toutes les industries locales. Les marchés tournent au ralenti depuis plusieurs mois. On s’en rend compte à la fois à l’export mais aussi avec la consommation intérieure. Le tourisme nous aide un peu. Le Pérou a accueilli les Jeux panaméricains 2019, du 26 juillet au 11 août, à Lima. Cela nous a permis de dynamiser notre activité pendant quelque temps mais nous espérons que cela ne va pas trop redescendre dans les prochains mois.

Quels sont vos objectifs pour la suite ?
C. M.-M. : Nous cherchons à nous développer en Europe depuis quelque temps. Nous envoyons déjà du calmar géant et des céphalopodes surgelés à Rotterdam, aux Pays-Bas. Ils voyagent pendant 32 jours par cargo. Il faut que nous arrivions à intensifier ces envois et à nous positionner dans d’autres pays européens comme l’Espagne et la France. Nous avons la ressource, les moyens et le savoir-faire. Nous allons nous rendre à Bruxelles l’an prochain pour concrétiser ces ambitions. Côté ressource, nous sommes concurrencés par l’Équateur qui pêche notamment du thon. Nos pêcheurs se rendent aussi dans les eaux équatoriennes mais nous n’avons pas ou peu d’embarcations pour aller en haute mer. La majorité de notre flotte reste proche des côtes. Il faut que le Pérou travaille sur ce point pour devenir plus compétitif à l’international.

Propos recueillis par Guillaume JORIS

 

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