Un nouvel élan au négoce avec le Vietnam 

Le 22/10/2020 à 11:27 par La Rédaction

L’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Vietnam est entré en vigueur le 1er août.
Il prévoit d’éliminer la quasi-totalité des droits de douanes des deux côtés. Après l’accord avec Singapour entré en vigueur en novembre 2019, c’est le deuxième avec un pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Anase).

l’UE achète 1,2 milliard d’euros de produits de la mer au Vietnam

 

ZOOM sur
les échanges

sur
UE-Vietnam

 

Le Vietnam a vendu à l’UE
260 000 t
de produits de la mer en 2019.

L’UE a exporté près de
40 000 t
vers le Vietnam.

Espèces phares…
Le Vietnam vend surtout à l’UE de la crevette (592 M€, 70 000 t), du silure (200 M€, 73 000 t) et du thon (114 M€, 25 000 t), mais aussi du surimi (4 700 t) (2019). L’UE vend d’abord au Vietnam du saumon (40,7 M€, 8 300 t), de la truite (8,6 M€, près de 2 000 t) et de la coquille Saint-Jacques (5,6 M€, 1 850 t), mais aussi des pélagiques.

Partenaires
Le Vietnam est le 2e partenaire commercial de l’UE au sein de l’Anase, après Singapour. L’UE est le 3e partenaire commercial du Vietnam après la Chine et les États-Unis. Le déficit commercial de l’UE avec le Vietnam se montait à 27 milliards d’euros en 2018.

Appellations d’origine
L’accord garantit la protection
de 169 indications géographiques protégées côté européen, dont le saumon d’élevage écossais. Et 39 côté vietnamien, dont des sauces extraites de produits de la mer :  Phú Quc et Phan Thit. Et un clam, le Qung Ninh.

 

 

 

Quels sont les termes généraux de cet accord ?
Les négociations techniques sur l’accord de libre-échange Union européenne (UE)-Vietnam (acronyme anglais EVFTA), initiées en 2012, ont abouti en 2015. L’accord signé en juin 2019 est entré en vigueur le 1er août. Il prévoit à terme d’éliminer 99 % des droits de douanes entre les parties. Les droits s’élevaient, pour le Vietnam, à environ 5 %, et à l’entrée dans l’UE à 2,3 % en moyenne. L’accord ramène à zéro 65 % des droits de douane perçus par le Vietnam et 71 % des droits appliqués par l’UE. Les droits restants seront progressivement supprimés durant un délai de trois à sept ans, dans le sens Vietnam-UE, et sinon de trois à dix ans. L’UE protège son marché pour certains produits sensibles, surtout agricoles, mais aussi aquatiques, avec des contingents tarifaires.

Qu’est-il prévu pour les produits de la mer ?
On passe de 60,2 % de produits de la mer vietnamiens taxés, à 15,6 % en trois ans, puis 11,9 % au bout de cinq ans et 1,9 % au terme des sept ans. En sens inverse, la part des produits de la mer européens taxés par le Vietnam passe de 86,7 % à 0,4 % en trois ans, puis à zéro en sept ans. Il y a des contingents tarifaires sur le surimi et le thon en conserve : le Vietnam ne peut pas exporter vers l’UE en franchise de droit plus de 500 tonnes par an de surimi et 11 500 tonnes de thon en conserve, avec des règles strictes sur les origines. Le négoce du thon frais et des crevettes non transformées est aussitôt libéralisé sans limite de volume. Et les exportateurs européens peuvent désormais expédier vers le Vietnam saumon, flétan, truite et langouste libres de droits. Pour les autres produits aquatiques comme le pangasius, la suppression des droits aura lieu dans trois ans.

Les démarches changent-elles ?
Le système Rex de l’UE s’applique. Les importateurs de l’UE achetant des produits originaires du Vietnam peuvent choisir de continuer à bénéficier des préférences commerciales accordées via le « système des préférences généralisées » (SPG) jusqu’au 31 décembre 2022, date de sortie du Vietnam du SPG. Selon le cadre juridique choisi, les règles et preuves d’origine diffèrent.

Quelles nouvelles opportunités s’ouvrent avec cet accord ?
L’émergence d’une classe moyenne au Vietnam – en prévision, 50 % de la population d’ici 2035 – peut offrir des débouchés supplémentaires aux produits européens. Et il devient plus facile pour les entreprises européennes d’investir au Vietnam, notamment sur des marchés publics à égalité avec les concurrents locaux. Le Vietnam s’est engagé à s’ouvrir aux investissements dans l’agroalimentaire. L’UE est déjà l’un des principaux investisseurs étrangers au Vietnam, avec la France en 2e position, derrière les Pays-Bas.

Quelles sont les garanties sur les pratiques sociales et environnementales ?
Le Vietnam est sous le coup d’un carton jaune de l’UE, depuis octobre 2017, sanctionnant son manque de lutte contre la pêche illégale : surcapacité de la flotte, surexploitation des ressources, manque de transparence, violations du droit du travail... Cet avertissement, qui peut se transformer en carton rouge (fermeture du marché européen), a fait chuter l’export vers l’UE et a forcé le pays à mieux réguler et contrôler sa pêche, même s’il reste des progrès à faire (voir notre reportage, PDM 189). Ce nouvel accord contient des garanties de respect des droits des travailleurs et de protection de l’environnement, comme la ratification des huit conventions fondamentales de l’Organisation internationale du travail (OIT) et la mise en œuvre de l’accord de Paris sur le climat. Le Vietnam a ainsi ratifié en juin 2020 la convention de l’OIT sur le travail forcé.

Solène LE ROUX

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