L’algoculture bretonne à la peine

Le 08/09/2016 à 11:00 par La Rédaction

 

[Ils aimeraient produire
plus de wakamé]

Algolesko
Depuis 2013, Joseph Thaeron,
Jakes Prat et Philippe Legorgus
se sont associés pour créer
Algolesko à Lesconil dans le Finistère. Si l’entreprise dispose
de 150 hectares de concessions,
elle ne produit en 2016, avec l’aide
de trois salariés, qu’environ
20 tonnes de wakamé ou Undaria pinnatifida sur les 4 hectares de concessions détenues par Jakes Prat et 20 tonnes de kombu royal
ou saccharina latissima. Seuls
30 hectares sont ensemencés.

 

Aleor
Installé à Lézardieux, dans les Côtes d’Armor, depuis 2006, Jean Yves Dechaisemartin et Olivier Bourtourault, associés et fondateurs, disposent de 8 hectares de concessions vers Bréhat. L’entreprise emploie 6 personnes à plein-temps et un mi-temps pour une production en 2016 de 20 à 30 tonnes de wakamé de l’Atlantique Alaria esculenta

 

C-Weed Aquaculture
Magali et Jean François Arbonna se sont installés à Saint-Malo en Ille et Vilaine pour développer l’algue de rive. Ils disposent de 12 hectares de concessions en Rance, à Saint-Suliac. Avec un salarié, ils produisent en 2016 près de 30 tonnes d’algues essentiellement du wakamé – unduria pinnatifida et un peu d’Alaria esculenta – ain si que du Kombu royal, la Saccharina latissima.

 

La barge d’Algolesko “La Galère”, au mouillage dans le port sud finistérien de Lesconil, porterait-elle bien son nom ? Si l’on compare les annonces encore faites en 2015 de 200 tonnes et de 5 000 tonnes à terme, sur 350 hectares, avec la production 2016 annoncée par Jo Thaëron, le discours d’Algolesko a singulièrement évolué. En effet, cette année, à peine unequarantaine de tonnes devrait sortir de la trentaine d’hectares mis en culture. Le pari engagé en 2013 d’une production d’algues alimentaires à grande échelle, rapidement, semble mal en point. Le transfert de 23,5 hectares de concessions de polyculture (moule-huître-oursin) de Moëlan à Lesconil, obtenu en mai dernier, illustre la nouvelle orientation d’Algolesko, déficitaire.

Où sont les clients français et asiatiques soi-disant innombrables ? Quelles espèces sont-ils disposées à acheter, sous quelle forme, et à quel prix ? La récolte 2015, congelée, se commercialise encore au compte goûte. Impossible d’obtenir les chiffres d’affaires, Jo Thaëron admet juste, mi-août : « nous ne sommes pas attendus sur le marché avec nos algues brutes, alors on va les transformer, en partenariat avec un groupe. Des essais ont été faits, et le marché vegan à l’étranger semble porteur ». L’assouplissement de la réglementation, qui permettrait la culture de wakamé (Undaria) à partir de captage naturel, est fortement attendu. Cette espèce, au statut d’algue invasive depuis 2012, est la plus rentable, selon tous les acteurs de la filière.

Aleor, acteur majeur de cette nouvelle activité aquacole, peine aussi à produire des volumes conséquents, rentables. Olivier Bourtourault, le biologiste cofondateur de l’entreprise, régulièrement recapitalisée, n’y travaille plus. La culture d’Alaria monopolise toutes les concessions, c’est la seule espèce pour laquelle Aleor dispose d’un marché porteur, avec un client confidentiel. Mais le rendement est assez faible et aléatoire, il est passé de 3,7 kg/m linéaire de filière en 2015 à 2 kg cette année. L’espèce Palmaria, la dulse, élevée en écloserie, aurait sans doute un marché intéressant, mais son grossissement est peu productif, les rendements faibles. 20 hectares de nouvelles concessions ont été demandés, et leur obtention conditionnerait la vente de l’entreprise, en pourparlers. Côté chiffre d’affaires, Aleor reste silencieux. L’entreprise la plus transparente est la plus ancienne. Avec un chiffre d’affaires un peu supérieur à 200 000 euros, C-Weed Aquaculture produit un résultat modeste, mais positif. Magali Arbonna souligne toutefois que l’activité de culture n’apporte que 30 % du chiffre d’affaires, mais occupe 80 % du temps, avec une surveillance quotidienne des filières, tout l’hiver. C’est pourquoi elle espère orienter, dans les années à venir, la production de cultures vers des espèces destinées à la cosmétique, beaucoup plus rémunératrice, en cours de domestication dans leur écloserie de Saint Malo.

C’est d’ailleurs dans le port malouin que se tiendra le 3 octobre, organisée par la région Bretagne, une journée d’étude qui fera le bilan de cette algoculture bretonne : touchée, mais pas coulée !

Lionel Flageul

 

 

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