QUI VEUT LA PEAU DU CHALUT ?

Le 22/07/2014 à 8:47 par La Rédaction

 

Dans cette lettre ouverte, signée notamment par WWF, Greenpeace ou encore Bloom, 8 ONG environnementales demandent à Ségolène Royal, ministre de l’écologie, du développement durable et de l'énergie d’intervenir pour l'interdiction du chalutage profond afin de « protéger la biodiversité marine des grandes profondeurs ». Un appel faisant suite aux données rendues publiques le 2 juillet par l'Ifremer, et réclamées par les ONG depuis 2009. D'après les ONG, ce document révéle que « le nombre de navires ayant une activité au chalutage de fond en eaux profondes est faible », et l'interdiction du chalutage au delà de 800 mètres ne concernerait qu'un seul navire français. « Aujourd’hui, Frédéric Cuvillier défend l’activité d’un seul bateau. Et encore, celui-ci ne pêche en profondeur qu’un tiers de son temps », commente Claire Nouvian, présidente de l'ONG Bloom. « Cette situation n'est plus tenable », termine François Chartier, de Greenpeace.

Une campagne difficile à accepter du côté des professionnels

« Tout d'abord, il faut souligner que ce ne sont que 8 ONG qui signent cette lettre ouverte », insiste Olivier Le Nézet, président du comité régional des pêches. « Beaucoup d'autres (Robin des Bois, Bluefish, ou encore France Nature Environnement) ne partagent pas leur point de vue. »

Selon lui, la lutte menée par ces 8 ONG sur la profondeur révèlent une volonté de grappiller petit à petit l'arrêt d'une technique de pêche. Commencer par interdire le chalutage de plus de 800 mètres serait une première victoire, pour ensuite lutter pour l'augmentation des interdictions. Une ligne de pensée partagée par Jacky Bonnemains, président de l'ONG Robin des Bois, lors de son intervention aux Assises de la pêche et des produits de la mer 2014 : « il ne faut pas faire de concession avec les ONG. Si aujourd'hui les pêcheurs plient à 800 mètres, demain ce sera 600, et ainsi de suite. »

Un but inavoué ?

« Nous pouvons nous interroger sur le fait que ces ONG d'envergure internationales fassent tout ce tapage pour un seul bateau », continue Olivier Le Nézet. « Il se cache quelque chose derrière ces attaques. Notamment sur le financement de ces ONG. » Certaines fondations qui subventionnent les ONG ont « des intérêts dans le milieu marin, par exemple pétroliers. Elles sont gênées par les pratiques de pêche, mais d'un point de vue purement commercial ».

Un phénomène que souligne Yan Giron, consultant rennais, dans son rapport Blue Charity Business, publié en novembre 2012. « Depuis 2000, cinq fondations américaines ont investi plus de 75 millions de dollars dans des actions de lobbying direct en Europe. Parmi ces fondations, certaines sont liées à des fortunes bâties dans le pétrole ou l'électronique et, si on les entend beaucoup critiquer la pêche, elles sont curieusement muettes sur les projets d'exploitation pétrolière ou minière offshore », développait Yan Giron, dans un interview accordé au Marin en novembre 2012. Il continue en expliquant que ces fondations financent aussi des activités de recherches. Ces dernières étant « bien orientées, et bénéficient de budgets auxquels n'ont pas accès les scientifiques qui ne partagent pas leurs vues catastrophistes sur l'état de la ressource. » C'est le cas par exemple de l'Université de Colombie britannique, où travaille le biologiste Daniel Pauly, membre du conseil scientifique d'Oceana, l'une des 8 ONG à signer la lettre ouverte adressée à la ministre.

Les pêcheurs veulent rencontrer Ségolène Royal

« L'industrie de la pêche est pourtant la première concernée par la préservation de la ressource : si les ressources disparaissent, la filière disparaît avec elles. Ce que veulent les ONG, c'est stigmatiser une profession », commente Olivier Le Nézet. Désireux de rétablir la vérité sur une profession qu'il réaffirme premier acteur du développement durable, le président du comité souhaite une rencontre avec Ségolène Royale. « On ne peut pas continuer à accepter ces attaques à longueur d'année. C'est injurieux envers une profession qui s'efforce de travailler de manière durable et transparente. » 

 

C.FAY

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