3 QUESTIONS À BENOÎT DENNI, DIRECTEUR DE SCAPMARÉE

Le 07/08/2013 à 10:21 par La Rédaction

 

Avec des parents poissonniers et mareyeurs, une envie débordante de devenir pêcheur, Benoît Denni n’est pas devenu directeur de la Scapmarée par hasard. Passionné des produits de la mer, il croit, comme son président Philippe Lutton, en la professionnalisation des achats. Un must pour desservir plus de 400 magasins Leclerc.

1 . Dans l’organisation du groupe Leclerc, premier poissonnier de France, quel est le rôle exact de la Scapmarée ?

2 . Le développement d’offres locales n’est-il pas une limite à la centralisation des achats ?

3 . Les prix de vente des produits de la mer vont grimper ?

                                                                               Pensez-vous que la marque Pavillon France aidera la vente ?

INTERVIEW

Question 1 . Dans l’organisation du groupe Leclerc, premier poissonnier de France, quel est le rôle exact de la Scapmarée ?

La Scapmarée est une coopérative chargée d’acheter les produits de la mer pour treize des centrales d’achat régionales du mouvement Leclerc. Dès 1994, le contexte pénurique et la complexité logistique de la filière avaient poussé les adhérents à s’organiser ainsi. En 2011, nous avons acheté et livré 25 500 tonnes de produits de la mer auprès de 400 magasins. Tous les jours, les 10 acheteurs de la Scapmarée proposent 600 produits aux chefs de rayon marée. Si ces derniers passent leurs commandes avant huit heures en jour A, ils seront livrés le jour B. Nos plateformes de Rennes et de Boulogne nous permettent de mieux organiser les flux et de gagner du temps, car nous y assurons le contrôle qualité, l’agréage… Des points cruciaux pour lesquels nous avons recruté 5 personnes, sur une équipe de 45.

Le résultat est là : dans notre périmètre de couverture, les magasins nous achètent en moyenne deux tiers de leurs produits de la mer frais. Par rapport à l’an 2000, nous distribuons cinq fois plus de produits pour répondre à la demande des magasins. Une progression que nous devons à nos efforts, mais aussi au soutien des adhérents. Propriétaires de magasins, à l’écoute des chefs de rayon et des clients, ils pilotent la stratégie de la Scapmarée pour en faire l’outil le plus utile possible. Mais, dans un réseau d’indépendants, les chefs de rayon sont libres de s’approvisionner où ils le souhaitent. Gage de cette indépendance, le financement de l’outil Scapmarée est proportionnel aux commandes passées chez nous.

Question 2 . Le développement d’offres locales n’est-il pas une limite à la centralisation des achats ?

Centralisation et offres locales ne sont pas incompatibles. Au sein de la Scapmarée, nous jugeons important de pérenniser les approvisionnements locaux. Seuls 20 % de nos achats sont réalisés hors Union européenne. La moitié de nos volumes est achetée en France. Chaque matin, vers 6 h, nous complétons la liste de produits proposés aux chefs de rayon en fonction des apports en criées.

Surtout, notre politique d’approvisionnement est clairement en faveur des mareyeurs indépendants. Ils sont essentiels à la filière car eux seuls proposent des débouchés à l’ensemble des espèces capturées par les pêcheurs. Pour préserver les approvisionnements locaux, éviter une paupérisation de l’offre, il ne faut pas déstabiliser ce maillon. Ils souffrent, ont besoin de visibilité. Et si les négociations commerciales sont de plus en plus dures avec les grands groupes, nos acheteurs privilégient la concertation avec ces PME… Nous voulons assurer leur indépendance. Elle est gage de stabilité et de cette diversité qui fait la force des bancs marée de Leclerc. Une diversité dont nous allons avoir besoin alors que l’accès aux produits de base devient de plus en plus difficile au niveau mondial. Le marché français ne pilote plus les cours. Et les négociations avec les groupes internationaux sont tendues.

Question 3 . Les prix de vente des produits de la mer vont grimper ?

Peut-être pas. Regardez 2012, pour la première fois nous avons eu une déflation globale du prix moyen. La baisse des cours du saumon y a participé, mais pas seulement. Les ventes de moules ont beaucoup progressé et le poids du duo huîtres et moules est redevenu équivalent à celui du saumon - crevette. Surtout, les chefs de rayon ont mis en avant des espèces moins onéreuses. Cette déflation du prix moyen est plutôt une bonne nouvelle. Elle rime avec une hausse des ventes et de fréquentation des rayons marée.

Pensez-vous que la marque Pavillon France aidera ?

Nous l’espérons, mais il est trop tôt pour en juger. Au LS sur des produits bruts, la marque, si elle sait véhiculer les bons messages, peut avoir un vrai impact. À l’étal, ce n’est pas toujours simple de la rendre visible. Mais, au-delà de la marque, parlons de France filière pêche, qui fait entrer la filière dans un cercle vertueux. Les pêcheurs ont pris conscience de l’importance d’améliorer leurs outils de travail et, avec les investissements consentis, cela devrait réellement avoir un impact sur les milieux marins, donc sur l’avenir des ressources, des pêcheurs et de la filière.

 

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