Dans le cadre du programme Transipêche, l’Institut Agro Rennes-Angers et AgroParisTech publient un rapport conjoint sur les performances environnementales et socioéconomiques des flottilles françaises. L’objectif est de dresser un constat sur lequel adosser une transition.
Àl’échelle nationale (Atlantique, Méditerranée et Outre-mer), 74,3 % des navires sont de moins de 12 mètres et pratiquent les arts dormants. Si l’on considère les volumes débarqués, les arts dormants ne pèsent que 21,4 %, les engins pélagiques montent à 37,6 %, les engins de fond à 25,5 % et les dragues et polyvalents à 15,6 %. La zone Atlantique concentre à elle seule 70,1 % des débarques et 45,7 % des navires.
Concernant les conséquences environnementales, les engins de fond concentrent les impacts d’abrasion des fonds marins et d’émission de CO2. Ils captent également l’essentiel des subventions au carburant. 1 kilogramme de poisson pêché au chalut de fond est subventionné à hauteur de 40 à 80 centimes d’euro, contre 20 à 50 centimes pour les arts dormants. En revanche, ces derniers ont un plus gros impact sur les espèces sensibles (cétacés, oiseaux…).
Les flottilles qui génèrent le plus d’emplois et de valeur ajoutée à la tonne sont les arts dormants et les moins de 12 mètres. Le rapport conclut que plus une flottille est intensive en travail, plus elle génère de la valeur, et plus elle est intensive en capital, moins elle crée de valeur.
Dans un bilan final et synthétique, les flottilles aux arts dormants affichent de bonnes performances environnementales et socioéconomiques, à l’inverse des arts traînants. Les pêcheries qualifiées de « vertueuses » dans le rapport sont les moins subventionnées et celles qui présentent le meilleur EBE, rapporté à la tonne.
Néanmoins, le rapport ne prend pas en compte l’aval de la filière, qui valorise des volumes et participe au dynamisme des territoires côtiers. Aussi, Transipêche est un programme qui vise à organiser une « déchalutisation » tout en conservant les volumes. Mais reporter l’effort de pêche uniquement vers les flottilles côtières aux arts dormants nécessite de construire des navires et de recruter de nouveaux marins, alors que la pêche connaît une crise de vocation. Après les récentes attaques de Bloom (cofinanceur du rapport), la profession craint que cette crise ne s’aggrave.
Le rapport est accessible librement sur le site de l’Institut Agro.
Vincent SCHUMENG