« Le décès de Jacques Wattez est juste incroyable. »

Le 26/08/2025 à 10:02 par La rédaction

« C’est juste incroyable » : Jacques Wattez faisait tellement partie du paysage de Capécure que son décès subit des suites d’une crise cardiaque ce dimanche 24 août, à 74 ans, laisse la zone d’activités des produits de la mer boulonnaise groggy et incrédule.

Jacques Wattez, c’est avant tout le groupe Sofipêche – 140 salariés – que ce petit-fils d’armateur et fils de mareyeur a construit sa vie durant. C’est-à-dire Unipêche, une société d’agents de bateaux depuis 1986 et sa société numérique fille Whatfish ; Uni-Marée et Vadet, deux sociétés de mareyage ; Armement boulonnais, des bateaux de pêche, et Appeti’Marine, une société de transformation de produits de la mer surgelés basée à Dunkerque (lire dans PDM no 232 ). « “La mer en héritage” : le slogan commun aux entités du groupe résonne aujourd’hui plus que jamais et nous oblige. Nous avons tous perdu un patron et un père. Mais je sais que Constance fera perdurer ses valeurs et répondra aux enjeux globaux auxquels va être confrontée la filière, résume Yannick Allouchery, qui dirige Sofipêche avec la fille de Jacques Wattez, encore abasourdi par la nouvelle. Il avait viscéralement Boulogne au cœur. Il voulait développer le port, pas seulement ses propres entreprises. Il était visionnaire, curieux. Il avait toujours des projets. Nous en aurons encore. Et nous mettrons tout en œuvre pour réaliser ceux qui étaient lancés, tels qu’ils étaient prévus », conclut-il.

Au-delà de la réussite des entreprises de son propre groupe, c’est la relance impressionnante de la coopérative boulonnaise qui a valu à Jacques Wattez la reconnaissance de ses pairs. Car lorsqu’il prend la présidence de l’ex-CTPP (Coopérative de traitement des produits de la pêche, qui deviendra Copalis, accueillera dans son giron Valofish et deviendra finalement Scogal avec bien d’autres activités, lire dans PDM no 232 ), l’usine de traitement des coproduits, qui fabrique alors de la farine de poisson, est très largement déficitaire. « Aujourd’hui, Scogal, avec son savoir-faire en matière d’hydrolyse enzymatique, est un leader mondial sur le marché des compléments alimentaires et un modèle du genre, témoigne Thierry Missonnier. Il a fédéré les mareyeurs, su s’entourer de bons collaborateurs, construit une solide équipe de recherche et développement et a fait de Copalis et maintenant Scogal un groupe prospère , souligne le président du pôle de compétitivité Aquimer, dont Jacques Wattez était administrateur. Il avait un goût pour l’innovation permanente avec un sens inné du commerce et du négoce », ajoute-t-il.

« Copalis et Scogal sont un symbole de son investissement… Et démontrent qu’il ne se résumait pas à ses investissements », retrace Alain Caillier, directeur délégué du port de Boulogne-sur-Mer. Du bonhomme, il gardera en mémoire le caractère rude… mais aussi la bonhomie, avec ce petit sourire en coin et sa façon de ne jamais manquer de demander à tous des nouvelles de la famille. « Jacques Wattez était aussi un vrai entrepreneur qui savait prendre des risques financiers. Je ne sais pas si, à l’avenir, beaucoup d’autres en seront capables », salue-t-il.

Pour l’heure, le port de Boulogne se remémore les truculences de cet autodidacte, passionné de football, aux coups de pouce parfois discrets, aux coups de gueule tonitruants et se demande comment gérer le silence.

Marielle MARIE

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