Le Tac de légine pour les îles Crozet et Kerguelen est tombé le 18 juillet : 4 780 tonnes par an, alors qu’il était de 6 000 tonnes il y a 10 ans.
L e 27 août, la préfecture des Taaf (Terres australes et antarctiques françaises) a maintenu à 8 le nombre de bateaux autorisés à la pêcher, qui vont devoir se partager un volume en baisse de 15 % par rapport aux campagnes précédentes. « La baisse du Tac de légine n’est pas une surprise mais dans cette proportion, c’est une vraie déception », résume Jean-Pierre Le Visage, directeur général de la Comata, l’un des cinq armements impliqués dans cette pêcherie. Tous les armements s’inquiètent de cette baisse de possibilité de pêche : « La baisse d’un Tac n’est jamais une bonne nouvelle. Au vu de signaux faibles, on pouvait s’en douter, même si je ne pensais pas que la baisse serait aussi importante. Cependant, il semble que les dernières données collectées fassent état d’un meilleur recrutement », nuance Sébastien Camus, président de Réunion Pêche Australe. « Il est utopique de croire qu’un stock se reconstitue en deux ou trois ans. Une hypothèse encore plus improbable avec la légine, qui vit plus de 40 ans et dont la maturité sexuelle intervient à 7 ans », argue, de son côté, Antoine Le Garrec, DG de Le Garrec et Compagnie, actionnaire majoritaire de Cap Bourbon. Parallèlement à l’établissement du Tac, la fixation du nombre de navires autorisés à pêcher a fait débat. En jeu : la rentabilité des armements. Les dirigeants de la Comata, de Cap Bourbon et de Pêche Avenir avaient exhorté l’État à limiter le nombre de licences pour garantir la rentabilité de navires jusqu’à présent jamais subventionnés. En vain : « À huit, il ne nous est pas possible d’être rentables et de faire face aux aléas. Surtout pas avec des navires plus vertueux qu’il faut amortir. Nous avons investi. L’État, à juste titre, nous y a incités, mais son niveau d’exigence actuel est inenvisageable avec un tonnage restreint », rappelaient juste avant la décision des Taaf Antoine Le Garrec et Jean-Pierre Le Visage. Sur un marché mondial axé vers les États-Unis et l’Asie, la parité euro-dollar et le cours de la légine seront cruciaux pour l’avenir des armements…
Marielle MARIE