« Je me réjouis de voir que les Français sont fiers de leurs marins-pêcheurs », Olivier Le Nezet, président du Comité National des Pêches Maritimes et des Élevages Marins (CNPMEM)

Le 23/05/2025 à 9:53 par La rédaction

Le CNPMEM et le sondeur IPSOS ont révélé ce 22 mai les résultats d’une enquête sur l’image qu’ont les Français de la pêche et des pêcheurs. Pour l’occasion, Olivier Le Nezet est revenu pour PDM sur les grands enjeux du moment.

Premier résultat du sondage commandé par le CNPMEM, 94 % des répondants disent éprouver de la sympathie à l’égard des pêcheurs. 95 % répondent que le métier de marin-pêcheur peut susciter de la fierté, et 93 % trouvent qu’il n’est pas suffisamment valorisé. Les qualificatifs qui reviennent le plus souvent à leur égard sont « courageux », « passionnés » et « experts ». Le métier de pêcheurs est associé pour les Français d’abord aux enjeux économiques, au dynamisme des territoires et à la souveraineté alimentaire.

Cet attachement des Français aux pêcheurs ne se reflète pas dans la consommation, avec environ 75 % de la consommation issue de l’importation. Dans le sondage, 91 % des répondants déclarent être enclins à soutenir les produits de la pêche française, mais souhaiteraient être davantage informés sur la concurrence étrangère, et avoir des garanties en termes de pêche durable. Olivier Le Nezet souligne également le rôle de la marque Pavillon France, des labels régionaux et du label Pêche Durable dans la valorisation de la pêche française.

Les leviers pour valoriser les produits français auprès des consommateurs
La pêche vue par les Français

 

PDM - Comment réagissez-vous aux résultats de ce sondage ?
Olivier Le Nezet - Je me réjouis de voir que les Français sont fiers de leurs marins-pêcheurs. Il est important que la filière communique encore plus sur nos efforts sur la durabilité et nos métiers. La pêche est un métier de passion avec de nombreux défis, mais je suis ravi de savoir que les Français sont avec nous, qu’ils comprennent notre rôle dans la souveraineté alimentaire et dans la préservation de l’environnement.

PDM - Ces défis seront au cœur de l’UNOC*. Comment abordez-vous cet évènement ?
O. L.N. - Lors de cette conférence internationale, je tiens à rappeler que la Politique commune des pêche (PCP) a porté ses fruits, mais il reste de nombreux sujets auxquels nous faisons face. Le premier est le réchauffement climatique, qui engendre une grande variabilité dans les écosystèmes et la météo, les chefs d’État doivent prendre cela en compte. Il y a aussi la question des pollutions terrestres qui se retrouvent dans les eaux côtières. C’est fondamental d’avoir des eaux saines pour assurer le recrutement des stocks halieutiques, assurer le renouvellement de la ressource, et donc la souveraineté alimentaire. La terre nourrit la mer ! Enfin, il doit y avoir un vrai travail sur la pêche INN (illégale, non encadrée, non déclarée), avec une protection de la haute mer avec le traité BBNJ. Il manque à ce traité un volet contrôle et sanction, je porte cela avec le président de la République.

PDM - Il sera aussi question des aires marines protégées. Quel message portez-vous sur ce sujet ?
O. L.N. - Je rappelle que les AMP existent depuis 50 ans, à l’initiative des pêcheurs ! A l’UNOC, je veux mettre en avant une méthode qui repose sur la connaissance fine du milieu, identifier les écosystèmes fragiles, et prendre des mesures à partir d’analyses de risques sur la pêche, mais aussi sur toutes les activités économiques (défense, commerce…). Nous souhaitons porter avec le président de la République cette méthode et cette vision à la française, « au cas par cas », comme un modèle à l’international.

PDM - L’Union européenne et le Royaume-Uni ont annoncé le renouvellement des droits de pêche jusqu’en 2038. Bonne nouvelle pour la filière ?
O. L.N. - Je ne crie pas victoire, le Brexit a été le choix des Britanniques, mais c’est une défaite politique pour l’UE et la PCP. La pêche est la seule politique européenne intégrée avec l’unification des eaux, c’est un miracle bleu, et je ne me satisfais pas que le Royaume-Uni en soit sorti. La solution aux crises, ce n’est pas le nationalisme, mais le vivre-ensemble.
Cette annonce va redonner de la visibilité, mais il reste toujours des instabilités, après le plan de sortie de flotte et la rétrocession de 25 % des quotas. Dans cette affaire, il n’y a que des perdants.

PDM - Après sa signature au salon de l’agriculture, comment avance le contrat stratégique de filière ?
O. L.N. - Il a été mis en musique par France Filière Pêche, le CNPMEM et les Régions de France. Mais le CSF n’est pas la fin du travail, c’est un socle de base pour construire une stratégie avec un cap clair : redonner de la visibilité et de la stabilité à la filière.

Vincent SCHUMENG

*Conférence des Nations Unies pour l’Océan, à Nice du 9 au 13 juin

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