Lors d’un webinaire organisé le 24 octobre, France Filière Pêche a accueilli la restitution du projet Delmoges, qui vise à comprendre l’origine des dauphins dans le golfe de Gascogne. À terme, l’objectif est de trouver des alternatives à la fermeture totale du golfe en février.
À cause des captures accidentelles de cétacés, la pêche au filet a été fermée dans le golfe de Gascogne en février 2024 et 2025. Elle le sera également en 2026. Un rapport de l’Ifremer en 2024 chiffrait l’impact sur la filière à – 16 millions d’euros pour les 287 navires concernés et 2,7 millions d’euros indemnisés aux mareyeurs, sans parler des conséquences en cascade sur la distribution.
Pour éviter de nouvelles fermetures, le projet Delmoges* vise à comprendre l’origine de ces captures. Il est ainsi constaté que l’effort de pêche n’est pas plus important mais certaines techniques de filet peuvent présenter davantage de risques. De plus , si les dauphins sont aussi nombreux et en bonne santé, ils sont davantage présents sur la côte et de manière plus dense, donc sur les zones de pêche. Au regard des contenus stomachaux analysés, qui présentent des proies fraîches de petits anchois et sardines, il n’y a pas de compétition entre les pêcheurs et les cétacés, les dauphins viennent près de la côte pour se nourrir.
Les chercheurs ont dont testé l’hypothèse d’un impact en cascade tout au long de la chaîne alimentaire. La température a augmenté de + 0,6 à + 0,8 °C en 20 ans et les apports en phosphate de la Loire et de la Vilaine ont été divisé s par deux, ce qui pousse le plancton à se déplacer vers la côte. Il est également plus petit. Cela se répercute sur les petits pélagiques, qui vont vers la côte et sont plus petits et moins gras. Les dauphins, prédateurs, suivent le mouvement. Une analyse verticale de la colonne d’eau montre que les petits pélagiques se concentrent sur le fond, proche des filets. Comme les dauphins chassent ces petits pélagiques, ils se font prendre. Cela explique aussi les proies fraîches retrouvées dans leurs estomacs.
De cette étude est sortie une carte de risques, valable pour février 2023, qui met en évidence le s zones sensibles de la côte. Jérôme Spitz, directeur de Pelagis, rappelle « le besoin de données pour définir la période et la zone la plus à risque aux captures de cétacés, ainsi que les techniques de pêche sujettes à ce risque, pour prendre des mesures de gestion plus adaptées à la conservation et au maintien de la pêche. Il faut également mobiliser et prendre en compte les connaissances empiriques des pêcheurs ».

Les couleurs chaudes sur la carte présentent les zones les plus à risque de captures de cétacés pour février 2023. 60 % des captures ont eu lieu dans les zones identifiées, ce qui confirme la robustesse du modèle utilisé.
De premières pistes se dégagent pour affiner et adapter la gestion de ce risque pour l’après fermeture de 2026, à laquelle la filière se prépare en amont comme en aval.
Vincent SCHUMENG
*Porté par Pelagis et l’université de La Rochelle, en partenariat avec le CNPMEM et l’OFB, cofinancé par FFP.