Une « fausse bonne nouvelle ». Le soutien au mareyage est assorti de conditions d’éligibilité le rendant inopérant.
Selon un projet d’ordonnance et de décret annoncé le 10 juin, la prise en charge de l'activité partielle est ramenée à 60% au 1er juin, sauf dans certains secteurs continuant à bénéficier d’un taux à 70 % jusqu’à septembre : les plus touchés par la crise, comme la restauration. Il est aussi prévu de prolonger ce soutien à des entreprises dépendantes des secteurs les plus touchés, et à ce titre, la pêche et l’aquaculture en mer et en eau douce, et le mareyage et commerce de gros de poisson, coquillage et crustacés. Outre le maintien de l’activité partielle aux termes actuels, ce dispositif ouvre aussi droit à des exonérations de cotisations sociales de mars à juin 2020.
Mais à condition que la baisse de chiffre d’affaires soit d’au moins 80 % entre le 15 mars et le 15 mai. Cette condition « rend le dispositif largement inopérant pour nos adhérents, pourtant en difficulté », constate Peter Samson, secrétaire général de l’Union du mareyage français (UMF), qui y voit en l’état une « fausse bonne nouvelle ». L’UMF avait alerté les pouvoirs publics sur la nécessité de supprimer cette condition pour ses adhérents et est déçu de l’arbitrage. « Le compte n’y est pas », déplore-t-il dans un communiqué ce mardi 16 juin, réclamant à l’État de revenir sur ces conditions trop restrictives pour « un soutien effectif des entreprises de mareyage, à la hauteur des difficultés éprouvées ».
L’UMF chiffre la chute d’activité initiale, à la fermeture du marché de la restauration, « entre 80 et 100 % ». Puis l’activité des opérateurs s’est « stabilisée » depuis la mi-avril, autour d’une baisse moyenne de chiffre d’affaires « comprise entre 50 et 100 % ». Le marché de la restauration reste sinistré, et les entreprises fragilisées, même avec le déconfinement entamé. « Les perspectives de reprise d’une activité soutenable restent encore lointaines. »
L’UMF rappelle aussi sa demande d’un plan de sauvetage du secteur par recapitalisation qui, après de premiers échanges constructifs avec l’administration, « n’a plus fait l’objet d’aucune avancée significative ». Or « il en va de la survie économique des nombreuses entreprises de mareyage à la responsabilité territoriale forte tout au long du littoral français ». Les 480 entreprises et 10 700 salariés concernés - surtout des TPME – sollicitent aussi un soutien local. Ainsi, le mareyage boulonnais demande l’exonération des loyers des ateliers et des terre-pleins portuaires à Capécure pour mars et avril. Dans la pêche et la conchyliculture, les entreprises ont peu recouru au chômage partiel.
Solène LE ROUX