La sardine, vedette à Boulogne-sur-Mer ; plus petite en Bretagne

Le 20/06/2025 à 12:40 par La rédaction

« Il y a toujours eu des sardines à Boulogne-sur-Mer », retrace Étienne Dachicourt, directeur de la CME (Coopérative Maritime Étaploise). Les traditionnelles conserves de pilchards, fabriquées depuis plus de 90 ans dans les Hauts-de-France, en témoignent. « Traditionnellement non soumises à quota (juste avec une taille minimale), ici, elles étaient un complément de marée, une pêche qu’on pratiquait de mars à juillet, en saison basse », explique-t-il. Mais lorsqu’en fin d’année dernière, les Boulonnais ont appris que le quota de maquereau français baisserait de 35 %, nombreux sont les patrons à avoir choisi la sardine. Les équipages ont appris à maîtriser le bon rythme de pêche – le produit, fragile, ne supporte pas les marées longues – et à optimiser les bonnes pratiques à bord, notamment en termes de glaçage, la sardine étant susceptible de développer l’histamine. « En 2024, nous avons commercialisé 2 000 tonnes de sardine. Pour le seul premier semestre 2025, nous sommes presque au même volume, résume Étienne Delannoy, responsable d’exploitation adjoint d’Unipêche. Il nous a fallu trouver des solutions pour préserver la ressource et pérenniser les marchés. Nous avons déterminé le volume maximum quotidien que nous pouvions absorber », poursuit celui qui commercialise principalement à l’export.

Au sein de l’organisation de producteurs Les Pêcheurs de Bretagne, les bolincheurs s’inquiètent. La précieuse sardine se fait plus rare, plus petite et moins grasse. « Il y a une dizaine d’années, nous pêchions des sardines âgées de quatre, cinq ou six ans. Aujourd’hui, elles ont un ou deux ans. L’hypothèse est qu’avec le réchauffement climatique, le plancton est devenu moins nutritif, les sardines grossissent moins, ne font pas de réserves et utilisent plus d’énergie pour se nourrir. Elles sont moins grasses et plus vulnérables, ce qui entraînerait des mortalités hivernales », explique Jean-Marie Robert, chargé de mission de l’OP, citant les travaux de l’Ifremer. Les Bretons attendent désormais les résultats de la campagne d’évaluation des stocks dans le golfe de Gascogne (Pelgas), qui leur donnera des éléments de réponse.

Ces modifications des comportements pourraient changer la donne à terme pour les conserveurs qui ont choisi des approvisionnements locaux pour leur gamme premium.

 

Marielle MARIE

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