Pour vendre 110 millions d’unités de vente consommateur supplémentaires d’ici 2028, le groupe va consolider ses piliers historiques mais aussi développer de nouveaux territoires, dont la truite fumée, la RHF et l’export.
Le groupe Labeyrie Fine Foods a dévoilé le 12 juin son nouveau plan stratégique. Dénommé « Tous unis 2028 », il fixe un cap ambitieux : atteindre les 400 millions d’UVC (unités de vente consommateur) en 2028, soit une croissance de 30 % en 4 ans. « Après une période de polycrises qui nous a conduits à prendre des mesures de protection pour le groupe, ce plan marque une nouvelle phase pour Labeyrie Fine Foods. Nous passons à l’offensive avec une stratégie assumée. », explique Jacques Trottier, président du groupe.
La croissance visée (+ 110 millions d’UVC) reposera pour moitié sur la consolidation des marchés historiques du groupe : apéritif, poissons et saumons fumés, foie gras et crevettes. Sont concernées tant les marques (Labeyrie, Delpierre, Blini, L’Atelier Blini) que les MDD, lesquelles représentent 50 % de l’activité. L’objectif est de doubler le volume d’innovations d’ici 2028, en maintenant la priorité sur l’exigence gustative. Pour capter l’autre moitié, soit 55 millions d’UVC, Labeyrie Fine Foods compte accélérer la conquête de nouveaux relais de croissance. Quatre marchés sont en ligne de mire. En GMS, trois segments prioritaires ont été identifiés : la truite fumée (« extension légitime pour la marque Labeyrie » ), les olives (marques Père Olive et L’Atelier Blini) et la charcuterie et volaille premium. Les réseaux spécialisés et la restauration hors domicile sont également jugés prioritaires. Présent dans 50 pays, le groupe entend mettre le turbo sur l’international, en particulier sur la proche Europe (Belgique, Suisse et Italie) et le grand export (Asie et Moyen-Orient). La part des ventes à l’international, actuellement de 42 %, devrait rapidement atteindre les 50 %. Dernier axe de développement : le nouveau végétal, surfant sur l’essor du flexitarisme. Lancée fin 2024, la marque Aux Petits Oignons fait déjà ses preuves, y compris en milieu rural.
Le plan stratégique inclut également des dimensions de souveraineté industrielle et RH. 120 millions d’euros d’investissements industriels – dont le détail précis n’a pas été dévoilé – sont programmés sur les cinq prochaines années. 100 millions d’euros avaient déjà été investis depuis quatre ans, notamment dans l’usine de crevettes de Saint-Aignan (18 millions d’euros) ou à Fécamp, pour agrandir le site saumon fumé (10,5 millions d’euros). « Il est possible de produire en France, si le positionnement est de qualité et si la différenciation devient une barrière à l’entrée pour les concurrents », assure Jacques Trottier. Chaque collaborateur se verra proposer une possibilité de changer de poste ou d’évoluer en interne d’ici cinq ans, s’il le souhaite.
La responsabilité sociétale des entreprises constitue un autre point essentiel pour le groupe. « La RSE est une vraie opportunité car c’est aussi un élément de compétitivité. Elle est utile pour la planète mais aussi pour nos consommateurs », insiste Jacques Trottier. Gaëlle Ouari-Bourdon, responsable RSE du groupe, pointe les priorités : lutter contre le réchauffement climatique (programme mangrove en Asie, projet Millenial Salmon d’alimentation décarbonée pour le saumon, etc.) ; améliorer le bien-être animal (collectif CARE salmon) ; diminuer le plastique dans les emballages ; améliorer l’égalité hommes/femmes. « Nous avons diminué nos émissions de gaz à effet de serre de 25 % depuis 2019. Quasiment 100 % de nos matières premières sont labellisées, sauf quand les labellisations n’existent pas. Le Codir compte 48 % de femmes », illustre ainsi la responsable.
« Réunir plaisir et responsabilité est notre socle stratégique et la vraie raison d’être du groupe, résume Jacques Trottier. Nous voulons être un leader qui pèse et agit sur le business mais aussi un leader moral, qui fait avancer les filières. »
Labeyrie Fine Foods a réalisé un chiffre d’affaires de 867 millions d’euros sur son dernier exercice (2023-2024). Le groupe emploie 3 315 salariés répartis entre le siège et les 12 sites de production (9 en France, 2 au Royaume-Uni, 1 en Belgique). Les produits de la mer représentent une part importante des ventes (44 % poissons, 25 % crustacés, 18 % apéritif, 13 % produits de terroir).
Fanny ROUSSELIN-ROUSVOAL