Les pêcheurs en soutien aux agriculteurs à Rennes

Le 25/01/2024 à 15:21 par La rédaction

« La fermeture du golfe de Gascogne, ç’a été la goutte de trop », lance un fileyeur de Concarneau, rencontré par PDM ce matin à Rennes. Alors qu’un convoi commun d’agriculteurs et de pêcheurs faisait route vers la capitale bretonne, les syndicats agricoles étaient reçus par le préfet de Région, dans le cadre du mouvement qui secoue la profession depuis plusieurs jours en France et en Europe. « Nous ne comprenons pas la décision du Conseil d’État, poursuit le pêcheur en colère. Nous avons installé les VMS* et investi dans du matériel comme les pingers pour limiter les prises de dauphins, sur notre trésorerie propre. Nous en voyons de plus en plus dans la mer, mais pas dans nos filets. »

« Nous avons les mêmes revendications, nous sommes solidaires parce que nous avons les mêmes contraintes, résume un autre pêcheur du Finistère sud. Nous ne demandons pas d’aides, mais de pouvoir travailler. »

David Le Quintrec, fileyeur lorientais qui avait initié le mouvement social des pêcheurs en mars 2023, affichait aussi une solidarité pour les agriculteurs : « Notre boulot, c’est de nourrir la population. C’est une manifestation pour la souveraineté alimentaire. » Les deux professions pointent des inquiétudes sur le coût du carburant, mais aussi sur les normes environnementales, la politique européenne (notamment le volet Farm to fork du Green Deal de la Commission européenne) ou encore sur la signature d’accords de libre-échange qui mettent en concurrence des produits alimentaires français avec des produits internationaux (Canada, Nouvelle-Zélande…).

Pour les produits de la mer, environ 80 % de la consommation des Français se fait sur des produits importés (saumon, cabillaud, crevettes…), mais qui font aussi vivre des ateliers de mareyage et des usines de transformation à terre. Par exemple, Lorient affiche environ 13 000 tonnes de débarques annuelles et 80 000 tonnes de produits sont traitées par les entreprises à terre. Une dépendance aux importations d’une part et une pêche contrainte par des mesures environnementales ajoutée à un coût du gazole élevé de l’autre , voilà la recette d’un cocktail qui peut devenir explosif.

Vincent SCHUMENG

*Les balises GPS qui permettent de localiser les navires.

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