Un marché à retardement

Le 20/05/2025 à 13:25 par La rédaction

Le marché de la pisciculture est à retardement : la production suit toujours la demande du marché avec un cycle de retard. Si l’élevage de bars et daurades est concentré à l’est de la Méditerranée, la France tire son épingle du jeu avec un tout nouveau label porté par la profession. Mais l’ASC reste un incontournable.

À l’échelle mondiale, l’élevage de bar commun (Dicentrarchus labrax) pèse 294 000 tonnes selon la FAO, soit 98 % de la production totale de cette espèce. Pour la daurade royale, ou daurade tout court (Sparus aurata), les volumes aquacoles mondiaux atteignent 344 000 tonnes, 97 % de la production mondiale. Les deux espèces sont élevées en grande majorité sur les mêmes sites et par les mêmes opérateurs. Bar et daurade confondus (638 000 tonnes), les principaux pays producteurs sont la Turquie (48 % des volumes mondiaux), la Grèce (18 %), l’Égypte (12 %) et l’Espagne (5 %). L’ensemble de l’Union européenne représente 190 000 tonnes (deux tiers en Grèce), soit 30 % des volumes mondiaux. Si on reste dans l’UE, la daurade représente 101 000 tonnes et le bar 89 000 tonnes.

En France, en 2023, le marché du bar représente 11 408 tonnes, à 83 % approvisionné par l’élevage. Il affiche un prix moyen final de 16,80 euros/kg, avec un taux de pénétration de 11 %. Les plus gros consommateurs sont : les résidents de la région parisienne (indice de consommation 150, 100 étant la moyenne) et du Sud-Est (indice 150), les foyers aisés (indice 175), les 65 ans et plus (indice 180) et les foyers sans enfants (indice 150). La dorade (France AgriMer mêle dans ses données de consommation la dorade grise et la daurade royale) affiche une consommation apparente de 18 792 tonnes (83 % par élevage), un prix moyen de 12,4 euros/kg et un taux de pénétration de 12 %. Le profil des consommateurs est plus nuancé que pour le bar, avec certes une consommation concentrée en région parisienne (indice 175) et dans le Sud-Est (indice 150) mais également dans la partie Centre-Est autour de Lyon (indice 100). Les plus de 50 ans affichent une consommation plus importante que la moyenne mais elle est bien répartie selon le profil familial ou économiques des foyers.

Le bar et la daurade ont connu une déstabilisation en 2022 et 2023, après le choc de l’inflation qui a percuté le marché. Kilian Papadimitriou, directeur des ventes du grec Philosofish (numéro 2 européen, derrière Avramar, avec 20 000 tonnes de production), explique ces soubresauts : « Il y a eu surproduction en 2022 et 2023, ce qui a fait chuter le prix et, en retour, diminuer la production en 2024. Cette année, il y a un manque de volume par rapport à la demande, ce qui fait remonter les prix. » Les cycles de production (18 à 36 mois selon les calibres) poussent les producteurs à s’adapter à la donne du marché actuel, alors qu’il peut basculer très rapidement. Difficile de mettre en adéquation offre et demande dans ce contexte. Le marché peut être bousculé par une multitude de facteurs. « Quand il y a moins de bar sauvage, la demande sur l’élevage augmente, expose Kilian Papadimitriou. Ou quand le saumon devient trop cher et que la consommation décroche, il y a davantage de demande pour le bar. » Les marchés clés de Philosofish aujourd’hui sont l’Italie, l’Espagne et la France mais le responsable des ventes cite, en plus de ces trois-là, les États-Unis, le Royaume-Uni, le sud-est de la Méditerranée (dont Grèce) et l’UE en général comme des marchés en croissance. « Nous travaillons de plus en plus avec la GMS, décrit-il, avec plus de 50 % du chiffre d’affaires réalisés sur ce débouché. Nous transformons nous-mêmes de plus en plus nos produits grâce à l’achat d’un outil en 2023. Fin 2024, nous avons lancé des produits en barquette. Je pousse le marché de la GMS et je souhaiterais développer notre offre, il y a des déclinaisons à travailler. Transformer en propre, c’est aussi garder la valeur ajoutée en Grèce. » Pour ses perspectives de développement, tant à la production qu’à l’export, Kilian Papadimitriou ne cache pas ses ambitions : « Il n’y a pas de frontières », sourit-il. Du côté du groupe grec Avramar, leader européen, les dernières années ont été chahutées (lire dans PDM no 226, p. 53). Il a finalement été racheté par la société aquacole dubaïote Aqua Bridge Group, avec des perspectives d’accroissement de la production à 170 000 tonnes. Cette opération devrait permettre à Avramar de redresser la barre. Aqua Bridge s’est engagée à investir 60 à 80 millions d’euros pour relancer l’activité grecque, en échange d’une réduction du passif capitalistique de 70 %.

Le « Seafood », un moment clé

Le Seafood Expo Global, qui s'est tenu du 6 au 8 mai à Barcelone (lire dans PDM no 230 en p. 138) est un rendez-vous stratégique pour Philosofish. « J’y vais pour rencontrer mes clients mais aussi pour faire de la veille sur les innovations technologiques et marketing. » Pour Bastien Riera, directeur général délégué de Gloria Maris, c’est avant tout « un moment de cohésion et de rassemblement pour toutes les équipes commerciales. J’y rencontre mes clients mais aussi des prospects stratégiques. L’année dernière, nous avons prospecté Israël, le Vietnam ou encore la Malaisie et ce sont des marchés qui sont lancés aujourd’hui ! »

Cette année, grâce au marché relancé et aux pays européens, plus soudés que jamais face aux menaces géopolitiques, le Seafood offre de belles opportunités pour les producteurs européens.

 

Vincent SCHUMENG

 

Retrouvez l'intégralité du dossier dans le magazine Produits de la mer no 230

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