Réunimer, dont le fief est situé dans l’océan Indien (Réunion et Madagascar) a annoncé jeudi 9 octobre son implantation en métropole. En rachetant les sociétés de mareyage Pêcheries des Hauts-de-France (PHF), de négoce Norsea et de surgelés Stargel Seafood, basées à Boulogne-sur-Mer, le groupe scelle ainsi sa première acquisition en Europe continentale depuis l’entrée au capital du groupe du fonds d’investissement Hivest Capital il y a un an et demi. Le montant de la transaction n’a pas été communiqué.
Stéphane Level et Yannig Gomel (PHF), directeurs généraux, ainsi que Grégory Fulgueiras (Norsea) conservent leurs fonctions de direction opérationnelle et deviennent associés de Réunimer Holding.
L’entreprise de mareyage Pêcheries des Hauts-de-France, notamment spécialisée dans les espèces de Manche et mer du Nord (encornet, seiche, rouget-barbet, coquille Saint-Jacques, sardine, etc.) emploie 35 salariés pour un chiffre d’affaires d’environ 16 millions d’euros. La société, qui filète manuellement et de manière automatisée 5 000 tonnes de produits bruts, vend 60 % de ses produits en France à destination des GMS et des grossistes et exporte 40 % de sa production en Espagne et en Italie.
Stargel Seafood (5 millions d’euros de CA pour 3 salariés) commercialise du surgelé (saumon, crevettes, etc.), dont 10 à 15 % de produits que la société congèle elle-même.
Créée en 1986, Norsea est une société de négoce reprise par Pêcheries des Hauts-de-France en 2016. L’entreprise, qui réalise un chiffre d’affaires de 17 millions d’euros pour 5 000 tonnes de produits, est spécialisée dans l’import en provenance des pays nordiques (Islande, Norvège, Danemark, îles Féroé…).
« Nous cherchions, avec Yannig Gomel, à assurer l’avenir et la pérennité de nos sociétés, à la base familiales. Il était important pour nous de trouver des interlocuteurs avec qui nous partagions les mêmes valeurs, la même façon de manager. Nous restons dans l’entreprise, avec l’accord de Réunimer, ce qui montre bien cette volonté de continuité », explique Stéphane Level. « Nous avons été impressionnés par la capacité de l’équipe de PHF de générer de la valeur sur l’aval de la filière. Cette transaction s’intègre pleinement dans notre stratégie de croissance externe et appuie notre volonté de développement en Europe. Aujourd’hui, les débouchés du groupe sont principalement la France. PHF va nous permettre d’accélérer notre présence sur d’autres marchés, résume Sébastien Camus, président de Réunimer. Et également de faire venir ses espèces à La Réunion. » Les espèces de Manche et de mer du Nord mais aussi le saumon et le poisson blanc importé par Norsea.
Le thon pourrait devenir un complément de gamme intéressant pour Pêcheries des Hauts-de-France (en renforcement du réseau de distribution du groupe réunionnais) et les dirigeants boulonnais aspirent à une diffusion de leurs produits hors Europe où Réunimer est implanté, en Asie notamment.
« Si nous nous implantons à Boulogne-sur-Mer, c’est pour le soleil bien sûr », sourit Sébastien Camus qui, au-delà de la boutade, est fier de cet investissement d’un groupe ultra-marin en métropole « un sens peu courant ».
S’il n’y a pas d’autres deals en cours en France à l’heure actuelle, le dirigeant du groupe ne cache cependant pas ses ambitions et reste ouvert à d’autres propositions. Le groupe, qui réalise un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros, avait acheté, fin 2024, 3 palangriers de 17 mètres à l’armement Minatchy, à La Réunion.
Présent de la production à la transformation, Réunimer comprend, parmi sa trentaine de filiales, Réunipêche, Le Martin Pêcheur, Réunion Pélagique, Le Pêcheur Créole, Enez Pêche ainsi que Réunion Pêche Australe (légine) et Madagascar Seafood (poulpe). Il emploie désormais 960 personnes, dont près de 700 à Madagascar.
Marielle MARIE