Assises de la pêche et des produits de la mer : une ambiance électrique et des professionnels déçus

Le 27/09/2023 à 17:49 par La rédaction

Après l’annonce d’Hervé Berville, secrétaire d’ État en charge de la mer, de ne pas prolonger les aides carburant après le 15 octobre, l’ensemble de la filière fait entendre sa colère, sa déception et son désarroi lors des Assises à Nice les 21 et 22 septembre dernier.

Hervé Berville a annoncé que le coût du carburant, qui aujourd’hui ne permet pas à de nombreux navires – notamment les chalutiers – d’être rentables, devait être pris en charge par un « mécanisme de solidarité au cœur du contrat stratégique de filière, présenté le 27 septembre ».

Olivier Le Nézet, président du Comité national des pêches, a ouvert le bal des coups de gueule lors des Assises de la pêche et des produits de la mer : « Cette décision est une trahison qui peut signer la disparition de la pêche française et de la filière halieutique. » Dans un communiqué pas moins lapidaire, France Filière Pêche rappelle que « la solidarité de filière n’est plus à démontrer depuis 12 ans ». Si les navires ne sont plus rentables pour aller pêcher, cela peut mettre en péril l’équilibre déjà fragile de l’aval de la filière, comme l’illustre Guénolé Merveilleux, président d’Océalliance et de l’Abapp* : « Ce qui nous fait vivre, c’est le chalut. Finalement, c’est le consommateur qui décide, et ce sont des emplois qui sont en jeu. » Et Bernard Pérez de poser une question directement au secrétaire d’ État : « Le gouvernement veut-il de la souveraineté alimentaire, ou n’en veut-il pas ? »

En ouverture du deuxième jour, Hervé Berville s'est adressé à une audience qui attendait des réponses. Sur les aides carburant, il rappelle que « cette aide de 75 millions d’euros sur les 18 derniers mois n’a ni équivalent ni précédent en Europe. Tout le monde connaissait la date du 15 octobre. J’ai tenu avec le Président de la République à vous laisser ce temps pour mettre en place un mécanisme de solidarité de filière. Toutes les crises de la pêche viennent de sa dépendance au pétrole, il faut arrêter de passer d’une crise à l’autre sans régler le problème à la racine. Notre politique des pêches ne peut pas être une alternance entre plan de sortie de flotte et crise du gazole. » Il annonce une réduction de 13 centimes à la pompe, prise sur les marges des énergéticiens (dont Total qui fournit 75 % du gazole de pêche), valable sur le gazole qui incorpore du biocarburant. « Cela ne nécessite pas de changer les moteurs des navires, mais de travailler sur les infrastructures portuaires », rappelle le secrétaire d’ État. Sur le long terme, un plan de 450 millions d’euros sur 10 ans a été annoncé, financé par la taxe éolienne, pour décarboner la flotte de pêche.

© Ilago

De nombreux participants, représentants des pêcheurs, ont quitté la salle avant la fin du discours. Olivier Le Nézet explique froidement que « le compte n’y est pas. L’ État doit absolument prendre en compte nos problématiques et soutenir les plus touchés par l’augmentation du carburant ». Lors d’un point presse quelques minutes après son discours, Hervé Berville a répondu aux questions de PDM  : « La filière ne serait pas dans cette situation si elle s’était structurée . Le mécanisme de solidarité du contrat de filière doit répondre à l’urgence. »

Vincent SCHUMENG

*Association bretonne des acheteurs des produits de la pêche

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