Le travail forcé dans la filière

Le 04/01/2024 à 11:01 par La rédaction

La question du travail forcé* ne semble plus être une préoccupation quotidienne des importateurs et distributeurs européens, mais reste une réalité dans la filière à l’échelle internationale.

Selon l’organisation journalistique The Outlaw Ocean Project, des Ouïgours, minorité musulmane persécutée par Pékin, sont forcés de travailler dans des usines de transformation de produits de la mer, lesquels sont ensuite exportés vers les États-Unis et l’Europe. Ces entreprises fournissent notamment la plus grande usine de transformation de poisson du monde appartenant au géant anglo-américain Nomad Foods, qui se trouve en Allemagne. Ce complexe approvisionne à son tour les plus grandes marques de poisson surgelé et les plus grands supermarchés, y compris Tesco et Carrefour. Ce dernier « condamne fermement le recours au travail forcé dans les chaînes d’approvisionnement » et a ouvert une enquête, qui n’a, jusqu’à présent, pas trouvé de preuve de telles pratiques.

« Tout ce qui vient de Chine fait potentiellement l’objet de travail forcé », constate Sébastien Metz, dirigeant de Sakana Consultants qui vient de produire un rapport sur le sujet. La première conclusion de ce rapport est la difficulté à le quantifier : « Certains critères de l’Office international du travail sont difficiles à interpréter, comme le temps de travail ou la sécurité du contrat, détaille Sébastien Metz. Pour un importateur en France, l’enjeu est de minimiser le risque d’acheter des produits issus du travail forcé. » La liste des pays à risque va de l’Asie du Sud-Est (Thaïlande, Bangladesh, Laos…) à l’Afrique de l’Est (Somalie en tête), en passant par l’Amérique latine (Pérou…). « Globalement, les activités illégales sont les plus à risque sur le travail forcé. »

Sébastien Metz rappelle aux importateurs leurs responsabilités en la matière : « Charge à eux de connaître leur chaîne de valeur en amont pour minimiser le risque. Ça passe par des audits, des certifications (la certification MSC n’intègre pas le critère du travail forcé, NDLR), des analyses de risque et la formation des acheteurs. » Et de citer en exemple le thon saumuré du Pacifique mais aussi, plus proches, certains produits de la pêche au Royaume-Uni. Sur le thon, l’ONG Bloom a récemment classé les approvisionnements des enseignes en matière de respect des droits humains. Sur 36 enseignes, Leclerc se classait avant-dernier.

 

Vincent SCHUMENG et Darianna MYSZKA

 

*Le travail forcé inclut le travail des enfants.

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