Le mois sans pêche condamne-t-il la filière ?

Le 27/02/2024 à 10:14 par La rédaction

Le 22 décembre dernier, le Conseil d’État a suspendu les dérogations de l’arrêté visant à limiter la pêche dans le golfe de Gascogne pendant un mois, afin de réduire les captures accidentelles de dauphins. « Nous avons reçu un véritable coup de massue, mais on ne va pas se laisser faire ! », prévient Franck Lalande, armateur de bateau sur Arcachon et vice-président du comité régional des pêches maritimes et des élevages marins de Nouvelle-Aquitaine. Au-delà de la colère et de la stupéfaction, c’est surtout l’incompréhension qui domine chez les professionnels de la région. Pour beaucoup, le mois de février représente plus du tiers du chiffre d’affaires de l’année. « Pourquoi nous avoir condamnés ? Pourquoi les fileyeurs ? Sur quelles bases ? Les rapports se contredisent et nous n’avons aucune preuve des chiffres d’échouages de dauphins annoncés. Les dauphins ne sont même pas une espèce en voie de disparition, on en voit de plus en plus. C’est incompréhensible. À croire que le seul but est de faire mourir la filière », s’interroge Franck Lalande. Même inquiétude du côté des acheteurs en criée. « Nos 350 adhérents, dont 77 mareyeurs, sont tous touchés par les fermetures. Nous étions déjà dans une filière extrêmement fragilisée par les diminutions de volume conséquentes liées à la problématique du PAI1 et les baisses de quotas. Cette décision du conseil d’État laisse craindre des conséquences cataclysmiques sur nos entreprises », estime Marie Lahary, directrice de l’Acaapp2, pour qui l’effet domino de cette mesure drastique n’a pas été mesuré. « Nous sommes dans une filière résiliente qui a toujours su s’adapter, inventer. Mais comment rebondir après des décisions pareilles ? L’impact social et économique sera considérable, sachant qu'un emploi en mer correspond à quatre emplois à terre dans la filière, commente Marie Lahary, qui garde néanmoins espoir. Le seul point positif de cette mesure est de fédérer toute une filière. »

C’est dans ce contexte difficile que l’Acaapp (Association Centre-Atlantique des acheteurs des produits de la pêche) vient d’élire son nouveau bureau. Sophie Larrieu-Méric, directrice de région Sud-Ouest pour le département marée du Réseau Le Saint (Sobomar Atlantique), jusqu’alors présidente déléguée dédiée à la région Nouvelle-Aquitaine, a été élue à la présidence.

 

Aurélie CHEYSSIAL

1. PAI Brexit : plan d’accompagnement individuel (sortie de flotte)

2. Acaapp : Association Centre-Atlantique des acheteurs des produits de la pêche

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