Normandie : le bulot normand en eaux troubles

Le 07/02/2023 à 8:33 par La rédaction

Il n’y a pas que les moules espagnoles qui ont souffert de l’été caniculaire en Europe: les bulots de la baie de Granville ont aussi été décimés dans la Manche, la faute à une eau trop chaude. « Même si c’est une tendance depuis quelques années, ce fut un choc en septembre, se rappelle Johan Leguelinel, pêcheur à Granville. Nous faisions des marées à environ 50 kilogrammes de bulots par jour. Même si les prix étaient alors très hauts, cela ne valait évidemment pas le coup de sortir en mer. » Ainsi, du 1er juillet au 30 septembre, les volumes de bulots à la criée de Granville ont été divisés par deux, passant de 263 tonnes en 2021 à 131 en 2022 ! « C’est seulement en novembre que les volumes sont devenus équivalents à l’année précédente, déplore Joss Serazin, responsable qualité sur le bulot baie de Granville chez Normandie Fraîcheur Mer. Cela s’est ressenti côté prix car nous sommes montés à plus de 13 euros/kg en criée l’été ! Fin 2022, cela restait encore très haut à cause de la forte demande avec les fêtes mais aussi du manque de stock des professionnels, notamment des cuiseurs. » Afin de préserver la ressource, le quota maximal de bulots pêchés a été baissé de 20 % à partir du 1er janvier, passant à 648 kilogrammes par jour et par navire au lieu de 810 kilogrammes. Si cette mesure a été adoptée rapidement par les différents acteurs de la filière normande, la tendance climatique ainsi que l’obligation pour le buccin d’évoluer en eau froide ont de quoi rendre pessimistes les bulotiers normands. D’autant que le secteur a déjà enchaîné les crises : le Covid-19 (le produit est consommé en période festive) puis le Brexit via les licences de pêche (encore) difficilement accordées par les îles Anglo-Normandes !

Guy PICHARD

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