« Le mareyage est pris en tenaille entre une baisse de l’offre et une baisse de la demande. »

Le 01/03/2023 à 8:00 par La rédaction

Inflation, plan de sortie de flotte en Atlantique Nord-Est comme en Méditerranée, négociations sur les Tac et quotas… L’actualité est lourde et l’année s’annonce périlleuse pour le mareyage. Peter Samson, secrétaire général de l’UMF, fait le point sur les challenges à venir en 2023.

 

PDM – Les Tac et quotas ont été annoncés, qu’en retenez-vous ?

P. S. – De ces négociations dépend bien sûr une grosse partie de l’approvisionnement du mareyage. De notre point de vue, elles ont été plutôt satisfaisantes. Le dossier de l’anguille, dont la pêche n’a finalement pas été fermée, est une bonne nouvelle pour certains de nos adhérents. Sur la sole, nous regrettons la poursuite des arrêts temporaires. Ces derniers engendrent un choc sur les prix, sans dispositif de compensation. Or, un mareyeur a besoin de volumes pour écraser des charges fixes très élevées. Il n’est pas possible de vendre peu de quantité à un prix trop haut pour le consommateur. Mais toutes les hausses de quotas permettent le roulement de l’activité par le volume, avec le merlu, le lieu jaune ou encore le bar.

 

PDM – On constate une grande instabilité sur les quotas, pour la sole par exemple. Quelle répercussion cela a-t-il sur le mareyage ?

P. S. – Cela participe à une désorganisation de l’offre et de la demande et entraîne une moindre visibilité, et donc un frein à l’investissement dans de nouvelles machines ou le développement de nouvelles gammes. Or, ces investissements seraient utiles pour passer à la mise en barquette, à l’heure ou le libre-service est en croissance. Plus généralement, cette instabilité est une caractéristique des produits de la pêche, qui dépendent aussi de la météo, par exemple. Pour assurer du volume, il faut aller chercher des capacités de pêche, lesquelles peuvent être compromises avec les plans de sortie de flotte (PSF) dans le cadre du Brexit…

 

PDM – Avez-vous mesuré l’impact de ces PSF sur le mareyage ?

P. S. – Sur le mareyage directement, c’est difficile à estimer. Environ un tiers des captures françaises, voire davantage dans certaines criées, dépend de l’accès aux eaux britanniques. Pour l’heure, aucune mesure de compensation n’est prévue pour les mareyeurs qui, bien sûr, seront sévèrement touchés par cette baisse des volumes à venir.

 

PDM – Comment l’inflation vient-elle toucher les mareyeurs ?

P. S. – On est pris en tenaille. D’un côté, tous les coûts de production augmentent : l’électricité, le transport, l’emballage, les salaires… De l’autre, on a moins de volumes – et le Brexit ne va pas arranger les choses – mais aussi moins de ventes, avec une baisse de la consommation des ménages, et donc une baisse du chiffre d’affaires. Pour contrer la hausse du prix de l’énergie, l’État a mis en place des dispositifs, mais aucune entreprise adhérente à l’UMF n’était éligible. Nous accueillons donc positivement le dispositif d’amortisseur électricité.

 

PDM – Quelles sont vos attentes vis-à-vis des pouvoirs publics pour soutenir ce secteur ?

P. S. – D’abord, anticiper et limiter l’impact du Brexit, qui est une vraie menace. On souhaite mobiliser le Feampa dans ce cadre, au titre de la mesure d’indemnisation des pertes de revenus. La Commission européenne a déjà activé cette possibilité en 2022, on l’attend pour 2023. Pour le moment, on a du mal à voir la volonté politique de soutenir le mareyage à l’échelle nationale, alors qu’on est en plein enjeu de souveraineté alimentaire.

 

Propos recueillis par Vincent SCHUMENG

 

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